
Le débat énergétique est en train de virer à la caricature. Certains élus prétendent « stopper le financement des énergies renouvelables », au mépris de la science, de l’intérêt général et du bon sens économique. Une posture bruyante, creuse et dangereuse. Pendant que certains font de l’agitation politique, le dérèglement climatique, lui, ne s’arrête pas. Il s’accélère. Et la France prend du retard sur sa transition énergétique et écologique.
Nous le disons sans détours, nous sommes favorables au développement du nucléaire. C’est une énergie décarbonée, pilotable et stratégique. Mais il faut aussi être lucide, car le nucléaire seul ne suffira pas. Ce constat est par ailleurs partagé par les experts de RTE, du GIEC, en passant par l’ADEME.
Soyons lucides, les nouveaux réacteurs ne produiront pas un seul kilowattheure avant au mieux 2038. C’est pourquoi il faut accélérer massivement le déploiement des énergies renouvelables et repenser notre souveraineté énergétique, afin de ne pas remplacer notre dépendance aux hydrocarbures contre une dépendance technologique.
Avec l’électrification des transports, des usages industriels et le développement des datacenters liés à l’émergence de l’IA, la consommation d’électricité augmentera inévitablement dans les années à venir. Ce ne sont pas des choix idéologiques, ce sont des réalités physiques.
Et pendant ce temps, certaines personnes recyclent les mêmes contre-vérités : les renouvelables coûteraient trop cher, mettraient en danger le réseau ou empêcheraient le développement du nucléaire. Tout est faux ! Le développement de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne fait baisser les prix de marché, d’après la CRE, car leurs coûts variables sont très faibles. Entre 2022 et 2023, les renouvelables ont même permis à l’État de récolter près de 6 milliards d’euros de recettes.
Quant aux aides publiques, elles restent bien inférieures aux soutiens invisibles dont bénéficie le nucléaire avec les garanties d’État, les défiscalisations, la gestion des déchets, la couverture du risque, etc. Faut-il rappeler que l’EPR de Flamanville a coûté près de 24 milliards d’euros, d’après la Cour des comptes ? Comparer ce nucléaire "historique" amorti, à des renouvelables en plein essor est une erreur méthodologique… ou peut-être un stratagème politique.
Ce que nous défendons, c’est une voie de pragmatisme. Celle qui mise sur un mix électrique complémentaire entre nucléaire et renouvelables, sur la diversification et sur la résilience. Une politique fondée sur les faits et sur les besoins à court et moyen terme, pas sur les effets de manche et les postures à visée électorale. Il serait irresponsable de dépendre d’une seule source de production d’électricité, alors même que nous savons que les conséquences du dérèglement climatique, telles que les sécheresses, affectent nos capacités de production.
Les Français ne sont pas dupes. Selon une enquête Ifop, 68 % d’entre eux souhaitent une accélération du développement des énergies renouvelables. Et parmi ceux qui vivent à proximité d’installations, ce chiffre monte à 94 %. Pourquoi ? Parce qu’ils savent que ces projets créent des emplois, renforcent notre souveraineté énergétique, et nous protègent contre les chocs géopolitiques.
Les défis énergétiques sont trop sérieux pour être livrés à la surenchère. Oui, la filière nucléaire est une fierté. Oui, elle a un rôle central à jouer. Oui, il faut continuer la recherche autour des déchets radioactifs. Mais opposer nucléaire et renouvelable est un contresens historique qui nous fait prendre le risque de nous enliser davantage dans les énergies fossiles.
Alors non, ne cédons pas aux provocations de ceux qui préfèrent le buzz aux bases scientifiques. Chez Démocrates pour la Planète, nous continuerons de défendre et de prôner une politique énergétique fondée sur le pragmatisme, la cohérence et la justice climatique.
Le tout, pour la biosphère. Pour la France. Pour les générations futures.
Alexandre BAZILLAC, Co-responsable Idées et Propositions chez Démocrates pour la Planète