Sobriété et Numérique - Remise de notre rapport au Ministre Jean-Noël Barrot

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Démocrates pour la Planète a travaillé sur un rapport à l'attention de Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications. Ce document synthétise des propositions pour amener la sobriété dans le développement numérique.

Transition écologique versus numérique

La transition écologique est le plus grand défi actuel qui nous engage collectivement pour l’atteindre. L’influence de l’activité humaine sur le système climatique est sans équivoque, nous atteignons « le jour du dépassement » de plus en plus tôt, en 2022, cela fut au mois de juin, en 1970 en décembre. Cela nous indique que depuis quelque temps, l’humanité consomme plus de ressources naturelles et émet plus de gaz à effet de serre que la terre n’est en capacité d’en produire ou d’en absorber au cours d’une année.

Au cours de cette année 2022, nous avons pêché encore plus de poissons, abattu encore plus d’arbres et cultivé encore plus de terres que ce que la nature peut nous offrir en une année. Nos émissions de gaz à effet de serre sont bien plus importantes que ce que les océans et les forêts peuvent absorber. Nous vivons donc à crédit sur les ressources de la planète, ce qui aura des conséquences sur les générations suivantes.

Toutefois, aujourd’hui, nous nous trouvons également dans une période où les personnes prennent davantage conscience de ces enjeux écologiques. Les tendances sont à la consommation responsable, au zéro déchet, au « do it yourself ». Il y a un réel intérêt chez les consommateurs et consommatrices de modifier leurs habitudes et limiter leur impact environnemental.

Le développement des outils numériques a donné naissance à un changement de paradigme, il bouleverse chaque jour les codes établis et questionne nos modèles de société, nos manières de produire, de consommer, de partager et nos besoins pour se nourrir, se déplacer, s’informer, se protéger. Les sociétés ont connu et continuent de connaître une profonde mutation liée à l’impact du numérique et d’Internet qui promeuvent de nouvelles pratiques.

La transition numérique était souvent annoncée comme une façon de réduire son impact environnemental dans différents domaines. Par exemple, certaines applications permettent de réduire la consommation énergétique des habitations, de revaloriser les déchets, de lutter contre le gaspillage alimentaire, de développer des manières de se déplacer plus respectueuses de l’environnement, de partager des objets et des moyens de transport, etc.

Si les innovations technologiques peuvent concourir à réduire les émissions mondiales de CO2 d'ici à 2030, elles sont aussi à l’origine d’une forte augmentation de notre empreinte écologique. Le secteur des nouvelles technologies de l’information et de la communication produit autant de Gaz à Effet de serre que la flotte mondiale de camion, avec une croissance de 5 à 10% par an !. Le numérique est en même temps la solution et le problème. Dans un système fondé sur la recherche du profit, par la compétitivité et sur le consumérisme, l’innovation est à la fois le moteur même de l’économie et la cause d’une utilisation à tout va des ressources et des pollutions de tous ordres.

Le prisme de la technologie nous fait voir le monde comme si tous les défis actuels seraient quelque chose que seule la technologie pourrait améliorer et que la solution consiste dès lors à « technologiser » ces problèmes.

Mettre le numérique au service de la transition écologique ne revient pas à tout numériser, mais bien à le considérer comme une force de transformation des pratiques, utiliser son potentiel disruptif et sa capacité à bousculer les choses en redonnant le pouvoir aux citoyens et citoyennes. Le numérique offre la possibilité de s’exprimer et s’émanciper du système actuel et est capable de bousculer les acteurs et actrices en place en transformant les modèles traditionnels et dominants. Il donne de la visibilité à celles et ceux qui souhaitent changer les choses. Il permet également une prise de conscience accélérée des catastrophes climatiques. De fait, de nombreuses initiatives citoyennes qui tentent de revoir nos manières de consommer ont pris davantage d’ampleur comme les monnaies solidaires, les « repairs café », les systèmes de partages, les « mouvements makers », les donneries, etc.

La transition écologique s’impose de façon impérative. Sans cela, la planète sera confrontée à des phénomènes extrêmes et irréversibles. La transition numérique doit donc être maîtrisée et encadrée, au risque de continuer d’aggraver les inégalités sociales et les désastres écologiques. Le caractère disruptif du numérique peut servir à la transition écologique s’il est considéré sous l’angle de transformation des pratiques, de la nature même des produits et des services, des modèles économiques ou des organisations.

Le rapport de Démocrates pour la Planète

À travers son rapport, notre association a présenté au Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, des propositions à travers 7 chapitres pour amener l'économie numérique vers la sobriété :

1- Accompagner les acteurs à la transition et éduquer à la sobriété numérique

2- Standardiser les outils d’évaluation de la durabilité

3- Systématiser les mesures d’impact comparatives entre technologies pour un usage équivalent

4- Prioriser les actions sur les sujets à impact positif pour l’environnement et créer un cadre contraignant pour les acteurs du numérique, lancer un Label spécifique et en lien avec les 13 nouveaux standards européens

5- Mobiliser le levier de la commande publique pour influer sur l’offre

6 -Allonger la durée de vie du matériel

7- Optimiser la consommation numérique

Ce document peut alimenter la réflexion des acteurs publics et privés. Il est accessible sur demande auprès de notre équipe.

 

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