
La loi Duplomb a déclenché une mobilisation citoyenne inédite : plus de 1,8 million de signataires à ce jour sur la plateforme des pétitions de l'Assemblée nationale. Mais les tensions autour de l’agriculture, de la santé et de l’écologie s’exacerbent dans un débat souvent caricatural, où s’opposent à tort monde agricole et citoyens engagés. Cette situation appelle une réponse démocratique à la hauteur des enjeux.
Les États généraux de l’alimentation et les lois Égalim ont échoué à recréer un lien de confiance. La fracture entre la société et les agriculteurs se creuse : sentiment de dénigrement, incompréhension des contraintes techniques, impression d’abandon ou de sur-réglementation. Pourtant, c’est ensemble que nous devons bâtir l’avenir de notre modèle agricole, autour d’un récit partagé et ancré dans les réalités de terrain.
Pour sortir de l’impasse, Démocrates pour la Planète avance trois propositions concrètes :
1. Lancer une Convention citoyenne sur l’alimentation, l’agriculture et la santé
Nous appelons le Premier ministre à initier une convention citoyenne, placée sous l’égide du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Sur le modèle de celle menée sur le climat, elle réunirait des citoyens tirés au sort et toutes les parties prenantes impliquées dans ce sujet : représentants du monde agricole, de la santé, de l’alimentation, scientifiques et élus, pour formuler ensemble des propositions concrètes et équilibrées.
Ce processus permettrait de dépasser les postures, de confronter les réalités de terrain aux impératifs de santé publique et d’écologie, pour tracer un cap commun face à des enjeux complexes : transition des pratiques agricoles, conditions de travail des agriculteurs, qualité et prix de l’alimentation, santé publique, aléas climatiques, préservation de la biodiversité, souveraineté alimentaire, rôle des distributeurs, attentes des consommateurs.
2. Porter une initiative citoyenne européenne sur l’avenir de l’agriculture
L’agriculture est l’un des domaines les plus intégrés à l’échelle européenne via la Politique Agricole Commune (PAC). Face à l’attente des citoyens et aux limites du débat national, il est temps de mobiliser les leviers européens pour faire évoluer notre modèle agricole et alimentaire.
Nous sommes prêts à porter une initiative citoyenne européenne, pour ouvrir un débat démocratique à l’échelle continentale. Avec toutes celles et ceux qui le souhaitent, nous proposons de fédérer une dynamique transnationale afin d’interpeller la Commission européenne et engager une réflexion ambitieuse sur les modèles alimentaires, agricoles et sanitaires de demain, en revisitant les politiques existantes de la production jusqu’au consommateur.
3. Inscrire les décisions politiques dans l’Agenda 2030 et le principe de “Une seule Santé”
L’alimentation ne concerne pas seulement les champs : elle touche à la santé publique, à la biodiversité, au climat et à la justice sociale. Elle constitue un levier transversal majeur pour l’intérêt général.
Notre modèle agricole ne pourra survivre face au dérèglement climatique s’il ne transitionne pas et la transition ne pourra réussir sans le monde agricole. Cela implique un accompagnement solide : à la reconversion, au revenu, à la structuration de filières locales et durables et à la juste valorisation du travail agricole via une distribution responsable.
Nous rappelons que toutes les décisions politiques doivent s’inscrire dans la durée, dans le cadre de l’Agenda 2030 (17 Objectifs de développement durable) des Nations Unies et du concept “Une seule Santé” (One Health) porté par l’OMS, qui relie santé humaine, santé animale et santé des écosystèmes.
Sortons des raccourcis. Élevons le débat.
Il est encore temps de construire un pacte commun, entre producteurs, distributeurs, citoyens, consommateurs, chercheurs et responsables politiques, pour faire de la transition un projet de société fédérateur et crédible.
“Nous ne voulons pas d’un affrontement stérile entre agriculture et écologie, mais d’une vision partagée, crédible et humaniste. Loin des postures, nous croyons à la force de la concertation démocratique, au croisement des savoirs et à l’intelligence collective.”
David Guillerm, Président de Démocrates pour la Planète.